Vincent LATOUR, DIFFÉRENTIALISME ET MULTICULTURALISME EN GRANDE BRETAGNE : ENTRE REMISE EN CAUSE ET SURVIE
L’article dresse un bilan de la mise en place, depuis les débats qui ont suivi l’adoption du British Nationality Act de 1948, d’un mode de gestion de type « multiculturaliste » en Grande-Bretagne. Replaçant l’évolution de ce mode de gestion dans une perspective historique, il analyse les principales étapes de sa construction sous l’égide des gouvernements travaillistes et conservateurs successifs, et identifie les raisons de son émergence, de sa consolidation et de son déclin. Malgré la conversion apparente des cercles gouvernementaux britanniques à l’universalisme, et l’importance des changements en cours, on observe la persistance, voire l’accentuation dans la période récente, de pratiques multiculturalistes et différentialistes ancrées depuis plusieurs décennies.
Nada AFIOUNI, LA FORCE CENTRIPÈTE DES LOIS EUROPÉENNES : VERS UN CHASSÉ-CROISÉ FRANCO-BRITANNIQUE AUTOUR DE LA LUTTE CONTRE LA DISCRIMINATION RACIALE ?
Derrière la stabilité apparente de la rhétorique qui préside aux politiques de gestion de la pluralité culturelle (« citoyenneté » et « intégration républicaine » en France, « race relations » et « multi-culturalisme » en Grande-Bretagne), des évolutions croisées se dessinent à partir de 2000. La France doit adapter sa législation et ses institutions à des lois européennes dont l’approche est quasi-similaire à l’approche britannique adoptée dans les années 1970. La Grande-Bretagne, elle, prend ses distances avec le discours multiculturel et se retranche derrière un discours citoyen censé renforcer l’unité du Royaume. L’article retrace les débats qui ont entouré la mise en place de politiques de lutte contre les discriminations en Grande-Bretagne, et analyse ensuite le glissement qui
s’opère en France vers une gestion particularisée de l’immigration et de la question ethnique, et les débats qui en résultent, notamment sur la question du recensement.
André SUCHET et Michel RASPAUD, LA PROFESSIONNALISATION DES MONITEURS DE SPÉLÉOLOGIE EN FRANCE (1950-1992)
Examinée à l’aide des outils d’analyse sociologique conceptualisés par Pierre Bourdieu, la professionnalisation des moniteurs de spéléologie apparaît comme le produit d’un clivage socio-culturel et générationnel entre les nouveaux entrants dans le champ, jeunes spéléologues privilégiant une conception sportive et marchande de l’offre spéléologique, qu’ils souhaitent démocratiser, et « vieux scientifiques », qui défendent une conception plus traditionnelle, scientifique, élitiste et désintéressée de la pratique légitime de la spéléologie. La création d’un brevet d’État a concrétisé la victoire stratégique des premiers sur les seconds. Elle ne peut donc pas être analysée simplement comme le résultat des pressions du Ministère.
Marie-Carmen GARCIA, LA PRODUCTION DES « ARTISTES LOCAUX » DANS L’UNIVERS DU CIRQUE CONTEMPORAIN
Cet article prend appui sur une enquête sociologique d’inspiration ethnographique menée dans le milieu circassien lyonnais. Il montre comment des logiques institutionnelles locales et des trajectoires artistiques s’articulent dans la production des « artistes locaux ». Fondamentalement, il s’agit de mettre en évidence les logiques sociales et institutionnelles qui travaillent la circonscription géographique de parcours professionnels d’artistes de cirque. L’article vise principalement à montrer que c’est la production locale de critères de valorisation artistiques relativement opposés à ceux qui dominent dans les espaces les plus avancés -au niveau national- du cirque contemporain qui est au fondement de la localisation de certaines trajectoires de circassiens.
Mots-clés : artistes locaux, cirque contemporain, institutions culturelles, professionnalisation, espace local.