Jean –Louis Lognon,
Vasseko Karamoko
Tiery Sokoto
INTRODUCTION
Les jeunes représentent la frange de la population la plus touchée par le chômage en Côte d’Ivoire. Plus de 70% des jeunes de 14 à 35 ans sont sans emploi (Enquête emploi, 2016). La très grande majorité des emplois sont dans le secteur informel (94%). Ainsi dans le cadre de la lutte contre le chômage des jeunes, divers programmes d’insertion professionnelle à l’endroit de cette catégorie ont-ils été implémentés. L’un des volets de ces programmes est l’insertion professionnelle par l’auto-emploi dans l’activité agricole. Toutefois, l’insertion professionnelle de certains bénéficiaires de ces programmes suscite des interrogations. Ce sont les cas, notamment des jeunes bénéficiaires de la Plate-Forme des Service (PFS) de la localité de Songon et de ceux issus de l’Institut Privé d’Agriculture Tropicale (INPRAT) de la localité d’Adzopé.
Dans le premier cas, l’on constate une faible insertion des jeunes autochtones Ebrié Atchan dans la culture maraichère. Seulement 2% de ces jeunes autochtones qui représentent pourtant 75% des bénéficiaires du programme se sont insérés dans la production de produits maraichers. (Rapports de fin d’activité, registres Plate-Forme de Service Songon, 2016). La plupart restent sans emploi, soit, ils exercent de petits boulots sans lien avec la formation reçue, soit, ils sont employés dans les plantations industrielles d’hévéa ou ils créent leur propre plantation d’hévéa.
Le second cas est relatif à la trajectoire sociale d’insertion professionnelle des diplômés de BTS en agriculture de l’Institut Privé d’Agriculture Tropicale (INPRAT) de la localité d’Adzopé. Pour ce cas, sur 107 diplômés insérés, 104 le sont en tant que salariés dans des entreprises privées et publiques en dépit d’une orientation pédagogique et d’un appui financier et matériel destinés à favoriser leur insertion en tant qu’entrepreneurs agricoles[1].
Ces différents constats situent la présente étude au cœur de la sociologie de l’insertion professionnelle des jeunes dans l’agriculture plus précisément la problématique de l’entrepreneuriat agricole des diplômés des universités, écoles d’agriculture ou des programmes d’insertion professionnelle des jeunes dans l’agriculture. La plupart des travaux portant sur la question de l’entrepreneuriat agricole des diplômés ont montré qu’il existe des barrières à la fois financières, administratives et institutionnelles liées à leur installation. En effet, Diémé et al. (2017), en analysant le processus entrepreneurial des diplômés des domaines de l’agriculture, montrent qu’à l’issue des formations agricoles, ces diplômés deviennent faiblement entreprenants avec un taux d’entrepreneuriat global de 8%. Pour les auteurs, le faible taux d’entrepreneuriat des diplômés s’explique surtout par les problèmes de l’employabilité et de la faiblesse de la demande sur le marché du travail, par la difficulté de l’accès aux fonciers et aux financements, et par une administration fiscale lourde qui n’encourage pas la création d’entreprise, etc. Au total, ils identifient cinq raisons majeures du faible taux d’entrepreneuriat des diplômés des écoles agricoles : l’enseignement classique d’ordre général, la faible sensibilisation des étudiants à l’esprit d’entreprise, l’insuffisance de leurs expérimentations ou pratiques agricoles durant la formation, le manque d’assistance technique et financière et l’’impuissance à l’entrepreneuriat agricole des diplômés femmes en situation de mariage. B. Simon (2013), dans une étude portant sur la construction de l’intention entrepreneuriale des étudiants issus des écoles d’agriculture, montre que la dimension financière est une barrière à l’entrée des nouveaux entrepreneurs agricoles. Ces entrepreneurs perçoivent le financement de l’installation comme un obstacle à leur projet. Dès lors, le passage par le salariat devient un moyens de se constituer un apport financier personnel, de contribuer à l’autofinancement de leur projet. En résumé, les écrits ci-dessus montrent que l’accompagnement sur le plan financier, technique, partenarial et l’acquisition du foncier exploitable constituent les principales barrières liées à l’entrepreneuriat agricole des diplômés issus des écoles d’agriculture et des pensionnaires des programmes d’insertion professionnelle dans l’agriculture. Ces travaux abordent peu les rationalités à l’œuvre derrière l’insertion des entrepreneurs agricoles dans les emplois salariés.
En rupture avec ces approches, le présent article analyse les logiques sociales derrière la trajectoire d’insertion des jeunes diplômés et bénéficiaires des programmes d’appui à l’insertion professionnelle dans l’activité agricole. Il questionne particulièrement : i) les systèmes de représentations sociales, les imaginaires sociaux et autres formes de justifications relatifs à la formation en agriculture, à l’activité agricole, au statut d’agriculteur dans les groupes sociaux d’appartenance, ii) les normes et pratiques sociales de mobilisation des différences ressources d’insertion (compétence, terres, moyens financiers et matériels) dans l’agriculture.
MÉTHODOLOGIE
L’étude s’inscrit dans une approche qualitative. Les données ont ainsi été recueillies au moyen d’entretiens semi-structurés avec les différents participants à l’étude. Il s’agit des jeunes bénéficiaires de la formation en agriculture insérés et non insérés, des responsables l’Institut Privé d’Agriculture Tropicale (INPRAT) de la localité d’Adzopé et de la Plate-Forme des Service (PFS) de la localité de Songon. Le choix de ces deux formations se justifie par le fait qu’elles ont en commun l’offre de formation en agriculture pour une insertion professionnelle dans le dit secteur en tant qu’entrepreneur. Ces deux structures de formation sont par ailleurs représentatives des deux principales offres de formation publique et privée en vue d’une s’insertion dans l’agriculture. La plateforme des Services (PFS) est un service public pour des jeunes en situation d’échec scolaire. L’INPRAT une offre de formation privée de l’enseignement supérieur. Ainsi six entretiens approfondis ont-ils été réalisées avec des jeunes autochtones sortis du programme d’insertion de la PFS et cinq diplômés de l’Institut Privé d’Agriculture Tropicale (INPRAT), employés dans des entreprises agricoles et des structures d’encadrement d’agriculteurs.
La sélection des participants à l’étude s’est faite sur la base la durée post formation. Les personnes interrogées sont celles qui avaient fini leur formation il y a au moins un an. Durée que nous avons considérée comme une sorte de période de carence pour l’insertion professionnelle.
Les entretiens étaient structurés autour des thèmes suivants : i) les conditions d’inscription au programme et à la formation en agriculture, ii) les représentations sociales de l’agriculture, des cultures maraichères, de la formation et du diplôme en agriculture, iii) les relations sociales entre les différents acteurs (jeunes, formateurs, entreprises, familles et autochtones et migrants), iv) les conditions sociales locales de pratique de l’activité agricole. Les informations collectées ont fait l’objet d’une analyse de contenu thématique de type catégoriel. Les catégories analytiques ont été construites a priori en référence aux thèmes du guide d’entretien et aux objectifs de l’étude et a posteriori à partir des données ayant émergé du terrain. De cette analyse de contenu, ont émergé les résultats ci-après.
RÉSULTATS
Il ressort de l’analyse des données que la trajectoire d’insertion professionnelle des jeunes à l’étude est la résultante d’un ensemble de représentations sociales et imaginaires sociaux relatifs au diplôme d’agriculture, à l’agriculture et au statut d’agriculteur. Divers enjeux économiques et sociaux sous-tendent également les trajectoires d’insertion professionnelle des jeunes.
1. Les imaginaires sociaux relatifs à l’activité agricole comme frein à l’entrepreneuriat agricole des jeunes diplômés
En tant qu’activité sociale, l’activité agricole est associée à divers imaginaires sociaux qui lui donnent sens, orientent sa pratique et le rapport à cette activité. Certains de ces imaginaires, les plus dominants fonctionnent comme un frein à une insertion des jeunes en tant qu’entrepreneurs agricoles.
- Le travail d’exploitant agricole, une activité ne nécessitant pas de formation scolaire
Pour la grande majorité des bénéficiaires des programmes d’appui et les membres des groupes sociaux d’appartenance, le travail d’exploitant agricole est une activité dont la pratique ne nécessite pas vraiment une formation. Aucun diplôme n’est officiellement exigé pour devenir agriculteur. Cette représentation dominante est fondée sur le niveau d’éducation de la majorité des acteurs exerçant une activité agricole. Ils sont majoritairement analphabètes ou ont un niveau d’étude assez bas. La figure dominante de l’agriculteur est donc celle du paysan non diplômé et même analphabète. Les jeunes qui y exercent à leur propre compte ou dans des exploitations familiales sont pour la plupart en situation d’échec scolaire. Pour les jeunes diplômés ou bénéficiaires des programmes d’insertion professionnelle, la formation reçue ne saurait les destiner à être des agriculteurs paysans. C’est ce que soutient Gilles (32 ans, BTS en production végétale) en disant « « Le travail de la terre est réservé aux diplômés qui ont échoué et qui avaient pour seule possibilité le retour à la terre ». Le « travail de la terre » entendu ici comme l’agriculture pratiquée de manière « traditionnelle » sur de petites parcelles de terre, en marge des techniques culturales modernes et avec des outils encore rudimentaires. L’inscription aux différentes formations semble être beaucoup plus pour l’acquisition d’un diplôme en vue de postuler à une offre d’emploi. Cyprien (22 ans jeune autochtone ébrié bénéficiaire de la PFS) renchérit en ces termes : « C’est vrai que moi je suis venu à la PFS pour être formé en agriculture mais à vrai dire c’est pour aller lancer machette encore (pratiquer l’agriculture traditionnelle). Selon moi, c’était pour apprendre un métier, avoir son diplôme pour un jour être recruté par les sociétés agricoles ou à limite avoir une fermes d’élevage. Mais pas pour lancer machette avec daba »
· Le métier d’agriculteur, un métier différent de celui d’entrepreneur
La vision entrepreneuriale de la formation en agriculture promue par les structures de formation ne coïncide pas avec celle des diplômés. Pour ces derniers et le sens commun, le métier d’agriculteur est spécifique et différent de celui d’entrepreneur. Le métier d’agriculteur est principalement défini par la production de produits agricoles à échanger sur le marché. La gestion d’une exploitation agricole est par conséquent différente de celle d’une entreprise. Les compétences requises et déterminantes sont celles relatives à la maîtrise des techniques culturales. Elle ne nécessite pas véritablement de compétences managériales et entrepreneuriales. Cette conception du métier d’agriculteur demeure chez ces derniers et ce malgré la formation reçue. Pour eux, la formation qu’ils ont reçue fait d’eux des personnes compétentes en techniques de production agricole. Avec ces compétences, ils peuvent devenir agriculteurs ou employés de grandes entreprises agricoles ou de structures publiques d’encadrement des paysans. « Il est vrai qu’à l’INPRA, on nous forme au travail d’agriculteur et aussi sur la manière de gérer une entreprise hein, mais il faut dire que selon moi ce n’est pas le même travail. En tout cas moi, je suis venu ici pour apprendre l’agriculture, c’est-à-dire les techniques culturales. Pour moi, c’est ça qui est le plus important parce qu’avec ta formation même si tu n’as pas de plantation, tu peux travailler dans les grandes plantations des entreprises là » soutient Edgar (23 ans, diplômé CAP en production agricole)
La première option est socialement moins valorisante. Ils optent ainsi pour la seconde plus valorisante dans un contexte social où l’idéologie dominant le travail privilégie l’emploi salarié. Il est en fait difficile de distinguer un planteur d’un entrepreneur agricole.
- Être diplômé et être agriculteur, un choix professionnel dévalorisant
La préférence pour l’emploi salarié dans une entreprise agricole au détriment de l’entrepreneuriat agricole est justifiée par le fait que le salariat est perçu dans les imaginaires sociaux comme valorisant, sûr et rentable. Dans un contexte social où le travail agricole est considéré comme une activité qui ne nécessite pas de formation, un réceptacle des analphabètes ou des jeunes déscolarisés, devenir agriculteur après des études supérieures est perçu dans les imaginaires comme un « échec social ». Ainsi pour les jeunes diplômés, « retourner à la terre » en tant qu’entrepreneur agricole est-il perçu comme un échec social. « On ne peut avoir un diplôme de BTS et retourner à la terre. Imaginez-vous, vous avez obtenu un diplôme et vous retournez au village, à la terre, que penseront les autres de vous ? Pour moi, retourner à la terre après les études est un échec», soutient Alexis (29 ans, BTS en production végétale) ;
Ce discours de justification prend son sens dans l’idéologie du travail dominante qui valorise le travail salarié. L’acquisition du statut de « fonctionnaire »[2]-statut valorisant- est l’un des enjeux qui sous-tend le choix professionnel des diplômés du GSMA-INPRAT et des bénéficiaires du programme de la PFS de Songon. D’ailleurs, pour Franck (25 ans, autochtone ébrié ) « Quand tu travailles dans la fonction publique ou dans le privé on t’appelle fonctionnaire or quand alors que quand tu travailles la terre, même si tu es diplômé on te considère comme un paysan, un planteur (rires) ».
2. Les enjeux des choix professionnels des jeunes diplômés en agriculture
Le choix de la formation en agriculture et surtout les choix professionnels différents de celui d’agriculteur chef d’entreprise sont sous-tendus par divers enjeux sociaux et économiques. Il s’agit des enjeux de différenciation, la diversification des opportunités d’emploi, l’accès et la captation des aides publiques.
- Le diplôme d’agriculteur : une ressource stratégique d’insertion professionnelle et de différenciation au sein de l’activité agricole
La trajectoire d’insertion professionnelle des jeunes diplômés de l’Institut Privé d’Agriculture Tropicale (INPRAT) de la localité d’Adzopé est fondée sur des représentations sociales du diplôme d’agriculture en tant que ressource stratégique d’insertion sur le marché du travail et de différenciation voire de distinction sociale. En effet, dans un contexte d’étroitesse du marché du travail (les jeunes font face à plusieurs barrières économiques, sociales, ethniques, politiques) pour de nombreux jeunes, le diplôme d’agriculture est perçu comme une ressource stratégique qui offre outre le secteur agricole, des possibilités variées d’insertion professionnelle. Le Brevet de technicien supérieur (BTS) ou le certificat d’aptitude professionnelle (CAP) d’agriculture tropicale est considéré comme un diplôme à l’instar de tous les autres diplômes. Il offre de ce fait, une plus grande marge de manœuvre dans les choix professionnels. En dehors de l’option professionnelle initiale -celle d’entrepreneur agricole- les jeunes diplômés peuvent avec le diplôme d’agriculture candidater également pour les concours d’entrée dans l’administration publique (par exemple le concours des agents des eaux et forêts) ou des structures publiques d’encadrement agricole ou être recrutés comme employés dans des entreprises agricoles. Cela est attesté par les propos d’Abraham (26 ans, BTS en production agricole)
« Je peux dire que le diplôme est en adéquation avec la formation. Mon diplôme, le BTS en agriculture tropicale est un diplôme national, comme tout autre, reconnu par l’État. Pour aller dans les autres sociétés et aller travailler à la fonction publique, le diplôme est à la hauteur. C’est un BTS comme tout autre ».
Outre la diversité des options ou opportunités d’insertion, le diplôme d’agriculture est perçu au sein du secteur agricole comme une ressource de différenciation sociale mieux de distinction sociale. En effet, au sein de même de l’activité agricole, le diplôme est un capital culturel qui permet de faire la différence entre l’agriculteur non diplômé « le paysan » et l’agriculteur entrepreneur. « Pour moi, je pense que le diplôme est juste un moyen de se distinguer des agriculteurs du village, les paysans (…) sinon dans la pratique, ils sont plus à l’aise. Nous nous utilisions les méthodes modernes. Nous avons la théorie et eux ont la pratique ». Cette logique de différenciation amène les jeunes diplômés en agriculture à opter pour des stages dans des entreprises agricoles où ils finissent par être employés comme salariés. Les exploitants agricoles non diplômés étant perçus comme dépassés, très peu de jeunes font des stages dans les exploitations de ces derniers.
- ·Le choix de l’emploi salarié dans les entreprises agricoles, une réponse à l’instabilité et à la précarité des revenus agricoles
Outre l’enjeu relatif au statut social valorisant, l’instabilité et la précarité des revenus agricoles n’incitent pas les acteurs à l’étude à exercer le métier d’agriculteur. La sécurité financière, la garantie et la régularité du revenu sont donc les enjeux derrière la trajectoire professionnelle des jeunes diplômés. Pour les diplômés enquêtés, l’emploi salarié est synonyme d’un revenu stable et régulier contrairement à l’entrepreneuriat agricole caractérisé, selon eux, par l’incertitude de revenu. L’un des enquêtés affirme par exemple que : « Quand tu travailles dans à la fonction publique ou au privé, tu es sûr d’avoir l’argent chaque fin du mois, alors que quand tu travailles la terre, ce n’est pas toujours évident » (Martin, 28 ans, BTS en production agricole)
Cela est particulièrement vrai concernant les cultures maraichères qui sont généralement des produits de saison et dont les circuits de commercialisation sont encore très peu formalisés. Ce qui n’est pas le cas des cultures pérennes d’exportation telles que l’hévéa, les graines de palme. Ces cultures, notamment l’hévéa est la culture la plus prisée dans la région du fait de la régularité des revenus qui sont mensuels (une sorte de salariat). Les cultivateurs d’hévéa sont donc plus nantis avec un statut social plus valorisé contrairement aux producteurs maraichers qui sont considérés dans la division sociale du travail agricole comme des acteurs hommes insérés dans une activité féminine. « A la PFS on nous formé aux cultures maraichères. Mais il n’y a pas trop l’argent dedans comme dans hévéa ou bien palmier. Et puis même si tu fais la tomate ou les choux pour vendre même c’est difficile. Ça pourrit vite et on ne paye pas bien. En tout cas moi je préfère faire ma plantation d’hévéa »
- Se former en agriculture : une stratégie de captation des aides financières de l’État
Par ailleurs, le choix de la formation s’inscrit dans une stratégie de captation des aides financières de l’État rares dans un contexte social fortement concurrentiel entre jeunes en quête d’emploi et plus particulièrement entre jeunes autochtones ébriés et jeunes allogènes et allochtones dans la localité de Songon. En effet, dans la plupart des villes et villages du Sud de la Côte d’Ivoire, cohabitent des communautés autochtones et des communautés allochtones et allogènes sédentarisées issues des migrations internes et externes. Ces différentes communautés sont en compétition autour de plusieurs ressources (foncières, politiques et économiques). La captation des aides de l’Etat constitue l’un des enjeux de cette compétition. Dans cette compétition, le statut d’autochtone est constamment mis en avant et pris en compte dans la distribution ou l’accès aux différentes ressources. C’est qui justifie d’ailleurs que les autochtones Ebrié soient plus nombreux que les jeunes allochtones dans le programme de la Plate-Forme des Service (PFS) de la localité de Songon. L’inscription de ces jeunes à ce programme vise plus à capter une potentielle aide financière, d’empêcher que les allochtones y ait accès, bien plus que de devenir entrepreneur agricole (producteur de produits maraichers). Cela est attesté par les propos d’un responsable du programme de formation et d’insertion des jeunes à Songon lui-même autochtone « Oh vous savez hein les jeunes ébrié, viennent à la formation parce qu’ils se disent que comme ils sont chez eux, s’il y a un programme de l’État, ce sont eux qui doivent en bénéficier en premier. Ils se disent qu’il y a surement un financement de l’État au bout. Sinon en réalité, les cultures maraichères ne les intéressent pas. Ils trouvent ça pénible et moins rentable par rapport à la culture de l’hévéa où les revenus son mensuels ». En somme, en participant au programme de formation et d’insertion dans l’agriculture, ces jeunes se conforment à une certaine perception du métier d’agriculteur définie et transmise par l’État, celle d’un agriculteur gestionnaire et chef d’entreprise. La finalité étant de pouvoir bénéficier d’éventuels programmes d’aides à l’installation des jeunes agriculteurs et barrer la route aux jeunes allogènes et allochtones.
- L’emploi salarié, une phase transitoire
Pour certains jeunes diplômés en agriculture, l’emploi salarié est une phase transitoire. Ce choix s’inscrit dans une stratégie visant à réaliser des économies dans l’optique de financer la création d’une entreprise agricole telle que prévue par les programmes de formation. En fait, des contraintes d’accès au foncier et au financement nécessaires au démarrage de l’activité expliquent l’insertion professionnelle dans l’économie agricole non conforme aux objectifs des programmes de formation. Ainsi dans la stratégie, le statut d’employé est une opportunité d’accumuler un certain capital financier leur permettant l’achat de terres et des moyens de production. C’est aussi une occasion d’améliorer ses compétences techniques et managériales utiles à création et au fonctionnement de sa future exploitation agricole. « Pour moi j’ai commencé en tant qu’employé pour économiser et après créer ma propre activité. Vous avez l’agriculture moderne ça coûte cher. Il faut acheter la parcelle de terre et tout le matériel de travail agricole. Quand tu sors de l’école tu n’as pas les moyens » se justifie Syvain, (28 ans, BTS en production agricole).
DISCUSSION
Les résultats de l’étude montrent que l’insertion professionnelle des jeunes diplômés ou formés pour devenir des agriculteurs professionnels relève de deux problématiques : celle de la déconstruction et la reconstruction de la profession d’agriculteur et celle du statut et du rapport à la formation en agricole des jeunes à l’étude.
1. La déconstruction et la reconstruction de la profession d’agriculteur à l’épreuve des imaginaires, statuts et enjeux sociaux locaux.
Les objectifs des différentes formations en agriculture traduisent en fait un processus de déconstruction et reconstruction du métier d’agriculteur. En effet, les programmes de formation agricole doublés de formation en entrepreneuriat, sont en rupture avec la perception dominante et ancrée de l’agriculteur paysan du paysan. Le paysan étant dans l’imaginaire collectif, un individu dont les compétences -non acquises à l’école- concernent la production et la vente de produits agricoles. Le projet d’insertion professionnelle qui sous-tend les offres de formation promeut voire tend à imposer une définition entrepreneuriale de la profession agricole Alarcon (2008). L’agriculteur n’est plus défini comme un paysan mais comme un entrepreneur. C’est en cela qu’il s’agit d’un travail de reconstruction du statut d’agriculteur. L’on tend ainsi à instituer l’exploitation paysanne comme une entreprise, c’est-à-dire une activité de production distincte de l’économie domestique. Les caractères qui différencient la profession d’agriculteur des autres professions tendent alors à être supprimés. Cette reconstruction est assimilable à une démarche visant à professionnaliser l’activité agricole. En effet, plusieurs critères servant à définir la profession sont identifiables dans cette démarche. Il s’agit du critère de la formation comme condition pour exercer l’activité agricole. Cela est conforme à la définition de la profession donnée par Boguslaw (1967 : 126) pour qui le terme de profession désigne la pratique d’un ensemble cohérent d’activités exigeant une formation appropriée. L’on a ensuite le critère de la nature des connaissances requises tel que développé par Osty (2012) dans sa distinction du métier de la profession. La profession étant caractérisée par des connaissances scientifiques et les métiers par des connaissances empiriques. Dans le cas des deux programmes de formation dont ont bénéficié les jeunes, les connaissances acquises se veulent scientifiques donc distinctes de celles du paysan essentiellement issues de l’expérience.
Cette volonté d’instaurer une « agriculture professionnelle » (Rémy, 1987) qui s’effectue à travers la division du travail de l’agriculteur en fonctions d’entrepreneur et de directeur de la production, de vendeur et de producteur direct est par la même occasion un travail de modernisation et de valorisation de l’activité agricole en tant que profession. La profession étant aussi caractérisée par le prestige social à la différence du métier caractérisé par la dépréciation sociale (Osty, 2012). Cette valorisation, censée rendre plus attrayant auprès des jeunes le travail d’agriculteur, est contrariée par les représentations sociales de l’agriculture et de l’agriculteur. Ces représentations sociales sont façonnées par les pratiques et les propriétés de la majorité des acteurs du domaine agricole. En effet, les savoirs et les savoir-faire relèvent majoritairement de la transmission intergénérationnelle de pratiques anciennes. Les personnes présentes dans l’agriculture sont également peu ou pas scolarisées.
Il y a donc dans les imaginaires sociaux et dans la pratique un écart entre l’agriculteur entrepreneur valorisé par les structures de formation et d’insertion professionnelle et l’agriculteur paysan cultivateur et vendeur de produits agricoles. C’est cette contradiction qui explique le manque d’attraction réelle et la faible affluence des diplômés des instituts de formation et bénéficiaires de plateforme de services dans la profession d’agriculteur entrepreneur. Cette contradiction entre le prestige social de l’agriculteur professionnel promu et souhaité par les structures de formation devrait se maintenir aussi longtemps que l’agriculture restera le domaine de l’exploitation familiale (Boguslaw , 1967 )
2. L’insertion professionnelle dans l’agriculture : la formation et le rapport au diplôme en agriculture comme facteurs déterminants
Le statut institutionnel de l’enseignement agricole en Côte d’Ivoire apparaît comme un déterminant des choix professionnels des jeunes diplômés. En effet, l’enseignement agricole a une position de dominée au sein de l’offre de formation. Elle joue en quelque sorte le rôle de filière de relégation au même titre que l’enseignement professionnel pour l’éducation nationale (Alarcon, 2008). Elle est d’ailleurs placée sous tutelle du ministère de l’agriculture contrairement aux autres formations professionnelles. Ainsi le positionnement institutionnel de la formation agricole combiné avec la perception dominante de l’agriculture -activité traditionnelle et rurale- fait que pour beaucoup jeunes diplômés ou bénéficiaires de programmes d’insertion professionnelle, le choix de la formation s’avère donc un choix par défaut. C’est le cas des jeunes de la plateforme de service formés aux cultures maraîchères qui sont pour la plupart des jeunes déscolarisés. Ils n’ont pas en tant que tel pour vocation de devenir des agriculteurs de produits maraîchers. Leur inscription à ce programme est à la fois pour eux et pour les initiateurs une sorte d’exutoire.
La situation est différente pour les diplômés de BTS de l’Institut Privé d’Agriculture Tropicale (INPRAT), qui ont choisi de manière délibérée la formation en agriculture. Pour ces derniers, la préférence pour des emplois salariés dans des entreprises agricoles ou dans les structures publiques d’encadrement agricole est la conséquence de leur rapport au diplôme obtenu. Le rapport au diplôme désigne l’ensemble des valeurs, des attitudes et des croyances liées au fait pour un individu de détenir un diplôme. Leur perception du diplôme d’agriculture laisse apparaître un sentiment de surqualification définie par Vultur (2014) comme la situation qui caractérise un individu dont le niveau de formation dépasse celui normalement requis pour l’emploi occupé. Vutur a fait le même constat chez les diplômés universitaires quebécois. A l’instar de ces derniers, les jeunes titulaires de BTS en agriculture se considèrent comme surqualifiés pour être des agriculteurs, des paysans mêmes s’il s’agit d’agriculteurs professionnels ou entrepreneurs. Ce sentiment de surqualification est légitimé par le fait qu’aucun diplôme n’est officiellement requis pour être agriculteur dans un contexte social où la représentation dominante de l’agriculteur est celle de l’agriculteur paysan non diplômé.
3. L’insertion professionnelle des jeunes diplômés en agriculture : Entre rationalité économique et rationalité sociale
Les trajectoires d’insertion professionnelle des jeunes diplômés ou participants au programmes de la plateforme de service à l’étude relève de choix aux rationalités diverses : économiques et sociales.
Premièrement, le choix de la formation et le choix professionnel (emploi salarié et non pratique de cultures maraichères) sont des choix sous-tendus par une rationalité économique. Pour les bénéficiers du programme de la PFS, il y a en jeu, la captation des aides de l’État. Il y a donc une sorte de logique opportuniste telle qu’analysée par Bouzidi et al. (2015)
Pour les diplômés de l’Institut Privé d’Agriculture Tropicale (INPRAT) de la localité d’Adzopé, c’est le salaire plus régulier et permettant de faire des économies pour financer la création de sa propre exploitation agricole. La garantie de revenu est vue comme est un avantage lié à l’emploi salarié. La sécurité d’un emploi salarié, à travers le revenu qu’il garantit, a un impact sur le désir de devenir agriculteur (B. Simon, 2013). Les perspectives de rémunérations et de carrière (A. Fayolle, 1996), associées au travail salarié et considérées comme satisfaisantes, justifient la démotivation des diplômés à devenir des entrepreneurs agricoles. L’on pourrait ainsi dire qu’il s’agit d’une action rationnelle en finalité au sens de Weber ; c’est-à-dire d’une action basée sur la poursuite par les agents (individus ou groupes d’individus) de fins réfléchies, en fonction des attentes relativement aux conditions du monde objectif et aux comportements des autres hommes (Colliot-Thélène, 2011 :23). Cette rationalité est liée à une perception négative de l’agriculture considérée comme une activité non rentable. C’est également le résultat de l’étude de Njeru (2017) qui a montré que la faible participation des jeunes au secteur agricole était liée au fait que pour plusieurs jeunes l’agriculture n’est pas une activité avec de gros profits.
Deuxièmement, derrière les choix professionnels des jeunes formés en agriculture, se cache une rationalité sociale. Il s’agit pour ces jeunes de se soustraire à un statut social dévalorisant qu’est celui de l’agriculteur paysan. Un statut professionnel faisant référence dans les imaginaires collectifs à la ruralité au sens péjoratif du terme, au sens de l’absence de progrès, attardé par opposition à l’urbain, associé à la modernité. Même au sein de l’activité agricole la hiérarchie des cultures est également un facteur déterminant. Les cultures d’exportation à savoir le cacao, le café, l’hévéa ou le palmier à huile sont plus valorisantes que les cultures maraichères enseignées et promues dans les structures de formation. Dans la culture et la division du travail autochtones au niveau local, la production de maraîchers est une activité féminine peu rentable destinée prioritairement à la consommation du ménage. Les jeunes autochtones ébrié de Songon sont donc amenés à délaisser les cultures maraîchères en raison de leur préférence des cultures d’exportation.
Par ailleurs, l’insertion des diplômés dans les emplois salariés est analysée comme un choix professionnel socialement construit. Ce choix est une action sociale dotée de sens, un sens rattaché à un contexte social et culturel. Chez les détenteurs d’un BTS en agriculture, il y a un intérêt marginal pour la création d’une entreprise agricole. Le salariat prend le pas sur le désire d’entreprendre du fait de la valeur sociale qu’ils accordent au travail salarié. Le travail salarié est un modèle de référence en Côte d’Ivoire. Il joue un rôle dans la construction de statuts sociaux. Le salariat est symboliquement associé à la réussite (L. Bazin et R. Yao Gnabeli, 1997). Le travail salarié contribue à l’expression de soi et à la construction d’une identité professionnelle (Robert et Pelland, 2007).
Il apparait donc une divergence voire une contradiction de rationalité ou de logique entre les jeunes diplômés et les initiateurs des programmes de formation agricole. Les deux catégories d’acteurs ne lient pas de la même manière les savoirs et les compétences acquises et l’emploi d’agriculteur qu’ils sont censés exercer (Kam, 2014)
CONCLUSION
Le secteur agricole est présenté par les acteurs de développement comme un espace de salut pour l’insertion professionnelle des jeunes fortement touchés par le chômage. Cette conception est à l’origine de programmes de formation destinés à former des jeunes entrepreneurs agricoles. Dans la pratique, les jeunes issus de ces programmes préfèrent les emplois salariés dans le domaine agricole ou abandonnent carrément les programmes ou l’agriculture.
Cette trajectoire d’insertion professionnelle des jeunes dans l’agriculture est liée à un ensemble d’imaginaires et de représentations sociales de l’agriculture et de la formation reçue. Il s’agit des imaginaires qui présentent l’agriculture comme une activité ne nécessitant pas de formation scolaire, une activité ne pouvant se confondre avec celle d’entrepreneur ou encore un choix professionnel dévalorisant pour un jeune diplômé. Par ailleurs, le diplôme en agriculture est perçu beaucoup plus comme une ressource stratégique offrant plusieurs options sur le marché du travail. Le choix de la formation quant à lui répond à une logique de captation des aides financières de l’État. Enfin, l’emploi salarié se présente à la fois comme une réponse à l’instabilité et à la précarité des revenus agricoles et comme une phase transitoire devant servir à financer la création d’une entreprise agricole.
L’analyse et la discussion de ces résultats montrent trois facteurs explicatifs des choix professionnels des jeunes formés en agriculture. Premièrement, l’on est en face d’une action de déconstruction et la reconstruction de la profession d’agriculteur qui se heurte à des imaginaires, statuts et enjeux sociaux locaux en rapport avec l’activité agricole. Deuxièmement, le statut de l’enseignement agricole et le rapport au diplôme en agriculture sont assez déterminants dans le phénomène. Troisièmement enfin, le choix professionnel des jeunes est légitimé par une double rationalité économique et sociale.
BIBLIOGRAPHIE
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Notes de bas de page
[1] D’abord, l’INPRAT a mis en place un projet de fonds de garantie pour faciliter le financement de microprojets à destination des diplômés de cette école. Il s’agit notamment d’un fonds séquestre, ouvert en 2000 à la COOPEC et domicilié maintenant à la BIAO. Ce fonds est alimenté par une souscription annuelle de chaque étudiant dudit établissement à hauteur de 100 000 FCFA par an, soit 300 000 FCFA sur 3 ans et géré par un conseil d’admission et un cabinet de suivi. Ensuite, au début de leur formation, chaque étudiant a un projet professionnel qu’il peaufine au cours de son cursus avec l’aide d’une équipe d’encadrement. Une fois le projet validé après la formation, un capital financier (constitué de l’épargne initial et d’un prêt équivalent ou supérieur au double de ladite épargne) est octroyé aux diplômés porteurs de projet. L’institution a également signé un partenariat avec PROSUMA, une société de distribution afin de garantir l’écoulement des productions des entrepreneurs. De plus, un cabinet de suivi a été mis en place pour assister les étudiants au niveau de l’expertise technique et de gestion de leur entreprise, de sorte à rembourser leur prêt bancaire.
[2] Terme générique pour désigner un travailleur salarié aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé et qui perçoit une rémunération mensuelle.