Pratiques sportives et identités sociales
André SUCHET et Pauline SOULIER
Les premières distinctions identitaires se forgent sur des constats biologiques : homme/femme et pseudo-biologiques : la couleur de peau (Geary, 2011). De ces distinctions factuelles pouvant se combiner, découlent le statut social et les droits des individus : libre/esclave, dominant/dominé, citoyen/non citoyen… Avec les Lumières, le désenchantement du monde (Weber, 1917) et les progrès techniques et scientifiques, apparaissent de nouvelles catégories de partitions se superposant aux anciennes ou les remplaçant. Elles créent de facto de nouvelles identités. L’une des plus connues en Europe occidentale est sûrement prolétaire/bourgeois.
La question de l’identité, ou des identités, est progressivement devenue centrale depuis les révolutions nationales des 18ème et 19ème siècles en Europe occidentale et en Amérique du nord. Elle englobe des dynamiques tant convergentes que contradictoires et inonde tous les champs sociaux. Elle concerne à la fois les groupes humains et les individus.
« Parce que là-haut, je suis belle et forte »
Une Étude de la pratique récréative de la
Pole Dance en France
Marie POTVAIN
Cet article vise à étudier une activité qui se développe surtout depuis les années 2010 en France : la pole dance. Depuis sa sortie des bars, cette activité envahit progressivement le domaine du loisir et du sport et pose question. Elle semble réactiver des stéréotypes de genre. Elle est pratiquée par une large majorité de femmes qui se reconnaissent pleinement dans cette catégorie et vont parfois en revendiquer l’appartenance, en s’identifiant selon des critères appartenant traditionnellement au féminin (Galibert, 2018; Welzer-Lang, 2017). Elles recombinent cet être au féminin, en travaillant parallèlement des attributs, souvent définis comme masculins tels la force, la détermination, la recherche de sensations fortes, le potentiel sexuel (Cogérino & Mansey, 2010).