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Numéro 64

Pratiques sportives et identités sociales

André SUCHET et Pauline SOULIER

Les premières distinctions identitaires se forgent sur des constats biologiques : homme/femme et pseudo-biologiques : la couleur de peau (Geary, 2011). De ces distinctions factuelles pouvant se combiner, découlent le statut social et les droits des individus : libre/esclave, dominant/dominé, citoyen/non citoyen… Avec les Lumières, le désenchantement du monde (Weber, 1917) et les progrès techniques et scientifiques, apparaissent de nouvelles catégories de partitions se superposant aux anciennes ou les remplaçant. Elles créent de facto de nouvelles identités. L’une des plus connues en Europe occidentale est sûrement prolétaire/bourgeois.

La question de l’identité, ou des identités, est progressivement devenue centrale depuis les révolutions nationales des 18ème et 19ème siècles en Europe occidentale et en Amérique du nord. Elle englobe des dynamiques tant convergentes que contradictoires et inonde tous les champs sociaux. Elle concerne à la fois les groupes humains et les individus.

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« Parce que là-haut, je suis belle et forte »
Une Étude de la pratique récréative de la
Pole Dance en France

Marie POTVAIN

Cet article vise à étudier une activité qui se développe surtout depuis les années 2010 en France : la pole dance. Depuis sa sortie des bars, cette activité envahit progressivement le domaine du loisir et du sport et pose question. Elle semble réactiver des stéréotypes de genre. Elle est pratiquée par une large majorité de femmes qui se reconnaissent pleinement dans cette catégorie et vont parfois en revendiquer l’appartenance, en s’identifiant selon des critères appartenant traditionnellement au féminin (Galibert, 2018; Welzer-Lang, 2017). Elles recombinent cet être au féminin, en travaillant parallèlement des attributs, souvent définis comme masculins tels la force, la détermination, la recherche de sensations fortes, le potentiel sexuel (Cogérino & Mansey, 2010).

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L’engagement corporel dans l’activité canyoning entre sport et tourisme : un cas d’inversion du principe de distinction ?

André SUCHET

Donnant suite à un ensemble de travaux sur le recrutement social de l’activité descente de canyon en France (Suchet & Jorand, 2009; Suchet & Silvestri, 2011), cet article réinterroge l’approche socio-culturelle des pratiques sportives (Pociello, 1981), certains aspects d’un espace social du tourisme (Kowalski & Loisel, 1996) et surtout l’actualité du mécanisme de distinction (Bourdieu, 1979). Dans le début des années 1980, en référence à l’espace des positions sociales (Bourdieu, 1979; Bourdieu & Saint-Martin de, 1976), Pociello et son équipe élaborent un espace des sports où les différentes activités physiques se positionnent dans la société française (Pociello, 1979, 1981). L’auteur détermine notamment deux grandes oppositions : d’une part les activités de force (haltérophilie, disciplines d’affrontement direct) contre les activités à dominante technologique ou informationnelle (vol libre, conduite d’engins) et, d’autre part, les modalités motorisées ou avec prélèvement dans l’environnement (rallyes, chasse, motonautisme) contre l’écologisation des pratiques de voile, de randonnée ou d’alpinisme (Pociello, 1995). Au fil de ses publications, cet auteur construit également le champ socio-culturel d’une activité en particulier : le rugby (Pociello, 1983). Au sein de cette activité, l’auteur montre que les caractéristiques de la pratique ne sont pas uniformes et que les différentes modalités de jeu se distribuent selon les caractéristiques sociales et professionnelles des joueurs. En utilisant la liste des métiers de 500 joueurs de rugby de première division (amateur au moment de l’étude), Pociello distingue ainsi : un rugby de tranchée (avec les avants qui poussent dans la mêlée et se caractérisent par une sur-représentation des ouvriers), un rugby de décision (avec les demis qui pilotent le jeu et dont la plupart sont techniciens supérieurs ou employés) et un rugby champagne (avec le jeu de vitesse et d’évitement des trois-quarts symbolisé par le nœud papillon rose que portent les futurs chefs d’entreprise d’une marque de vêtements dont ce sera le logo : Eden Park).

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Les stratégies fédérales face aux politiques locales le cas de la fédération française de hockey sur glace et des patinoires.

Clément LOPEZ

Les fédérations sportives ont pour objet l’organisation et le développement « d’une ou plusieurs disciplines sportives, dont elles gèrent la pratique, de l’activité de loisir au sport de haut-niveau ». Ces organisations se caractérisent notamment par leur importante verticalité (Bayle, 2010) puisque leurs politiques sont principalement élaborées depuis les sièges fédéraux nationaux, dont la très large majorité se trouve en région parisienne. Ainsi, face à la question du déploiement efficace et équilibré de leurs stratégies de développement sur l’ensemble du territoire national, de nombreuses fédérations sportives se sont dotées de services portés vers le développement territorial. Cela les a amenées à interagir avec des collectivités locales qui se caractérisent à l’inverse par une structuration beaucoup plus horizontale. Ces structures administratives distinctes de l’État bénéficient en effet d’une légitimité politique et doivent prendre en charge les intérêts des populations de territoires précis dans les domaines relevant de leur compétence. Le sport faisant partie des secteurs dits de compétence partagée, chaque collectivité territoriale peut s’en saisir ou non pour mener une politique sportive.

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La Biélorussie olympique ou l’Échec d’un nationalisme sportif post-communiste

Pauline SOULIER

A. Goujon et V. Symaniec (1997, p. 21) introduisent leur ouvrage Parlons Biélorussien par une interrogation pouvant surprendre le lecteur : « La Biélorussie existe-t-elle ? ». Cette question est totalement légitime. La Biélorussie est l’un des États européens des plus anonymes et des plus méconnus, tout en étant l’un des plus atypiques. Déjà le nom même de l’État porte à confusion. L’apparition du terme « Russie » dans la composition du nom pourrait faire croire qu’il s’agit d’une région de cette dernière. Ce fut le cas durant une grande partie de l’Histoire. Ensuite, où se trouve la Biélorussie sur une carte ? Encore une fois, son nom suppose une proximité avec la Russie, mais où ? C’est un État totalement enclavé, coincé entre la Lituanie au nord, la Russie, l’Ukraine et la Pologne à l’est. État plat comme la Belgique et marécageux, la Biélorussie semble étouffer au milieu de ses puissants voisins. Enfin, la Biélorussie ne fait que très rarement la une des journaux.

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